Confessions et aveux

* Debout devant l'autel, la reine avait le regard figé sur le livre posé dessus : elle ne savait pas lire la langue dans laquelle l'ouvrage était écrit, mais elle savait que ces pages contenaient des prophéties, et cela l'intriguait*

* A peine de retour à Atrium, le Vicomte se dirigea vers la chapelle : il y vit la reine devant l'autel.

pendant deux mois qu'il avait mené la guerre et achevé un duel, il n'avait presque pas dormi : son visage fatigué reflètait son âme. Les combats l'avaient bléssé, ses mains entaillées tenaient encore la garde de son épée, ses genoux fébriles le maintenaient encore droit : même avec des habits changés et neufs, le sang de sa plaie au ventre avait traversé le bandage, et tachait sa chemise.

D'une voix toujours sans faille, il l'appella*

Ma Reine.

* Suprise, la reine se retourna brusquement*

Vicomte, vous êtes de retour !...

*Elle s'avança, puis vit les blessures*

Vous êtes blessé, avant tout il faut vous soigner...

*Elle s'apprêtait à l'emmener à la salle de soin*

Ma reine, avez-vous eu mon messager? j'ai besoin de savoir.

Oui Vicomte, je l'ai eu... mais vite, il faut vous soigner...


Voulez-vous que j'appelle votre cousine?

* Le Vicomte regarda la reine étrangement ; au son de ce mot "cousine", il resta muet.

Il regardait toujours Illamina, il essaya de dire quelque chose, mais ses lèvres tremblaient : après plusieurs minutes, il dit enfin*

Qu'est-il arrivé encore ici? je ne vois plus la cathédrale.

* Ne comprenant pas la réaction du Vicomte, elle préfera répondre répondre directement*

Une personne inconnue l'a réduite en poussière : par la magie bleue apparement.

Depuis que les palissades ont été retirés, beaucoup de malheurs arrivent.

*Félizia était entrée discrètement et laissait glisser sa main sur les rampes des bancs de la chapelle. Sa figure pâle la faisait paraître tel un fantôme. Dès qu'elle eu enfin levé les yeux et qu'elle vit le vicomte, elle se précipita vers lui et passa une main sur son torse comme pour examiner tous les détails de ses plaies. Puis, d'un ton qui laissait transparaître une certaine culpabilité, elle murmura*

Je n'aurais jamais dû te laisser t'en aller ...

*Le vicomte recula au contact des mains de Félizia. *


Tu es un fantôme...

je vais vous laisser seuls...

*la reine s'en alla*

*Elle laissa couler une larme, ne pouvant s'empêcher de regarder prodondément le vicomte. Puis d'un pas souple, elle s'approcha de lui, pris sa main, la serra avec force et lui murmura à l'oreille*

Si je suis une utopie, alors quelles sont ces mains qui te touchent ? quelles sont les larmes qui coulent de mes yeux ? Et quel est ce soufle que tu sens si près de toi ?

* Le vicomte tournait la tête pour ne pas la voir*

Je t'ai si souvent vu dans des songes, perdu dans des méandres de mon esprit...

Et tu étais si réelle... Si réelle comme aujourd'hui, mais je refuse qu'aujourd'hui tu t'effaces comme les autres fois, avant que j'ouvre les yeux.

*elle s'écarta et se laissa tomber à genoux. Ses yeux furent remplis d'un flot de larmes et elle éclata en sanglots. Elle parvint tout de même à balbutier:*

J'ai tellement attendu ce moment et voilà que tu n'oses me regarder.

*elle sécha ses larmes et se releva*

Si cela te fait mal de me voir, il vaut mieux que tu m'oublies alors ... mais accorde moi une dernière faveur ...

* La regardant se jetter à terre, le vicomte fut presque prit de compassion*

Une faveur?... Un fantôme me demande une faveur?...

Si tu peux le faire, alors je veux aussi t'en demander une, belle apparition...

* Delacroix se baissa, et se mit en face de Félizia ; il posa alors sa main sur la joue de sa cousine, son autre main tenait sa plaie*

Demande toi d'abord.

*Elle frémit lorsque le vicomte posa sa main sur elle*

Je voudrai encore une dernière fois que tu me prennes dans tes bras, ...que je sente la chaleur d'antan qui faisait que je ne pouvais et ne voulais me passer de toi, ...cette chaleur qui a fait que notre amour, bien qu'interdit, puisse grandir ... mais ...

*elle eut un léger moment d'hésitation*

T'en souviens-tu encore, ... Victor ... ?

*Tout en disant cela, elle caressait délicatement la main du vicomte qui était posée sur sa joue*

Je crois m'en souvenir...

*Il baissa la tête, essayait de se souvenir d'une réalité qu'il avait enfoui dans son esprit : il dit alors*

Combien de temps?... A combien de temps remonte cela?...

Fantasme de mes rêves, tu lui ressembles tant...

* le vicomte leva la tête de Félizia pour la regarder , la contempler ; la douceur et la perfection de ses traits le captivait... Quelle sensation c'est de pouvoir toucher le passé, de l'avoir en face de soi, et de savoir qu'il ne vous veut aucun mal...
Comme traverser par un éclair, il approcha sa tête de celle de Félizia pour mieux la regarda, puis recula de stupeur et d'étonnement*

Félizia !... Félizia c'est bien toi?...
Ce rêve que je fais, qui se déroule il y a huit mille ans, ce rêve Félizia !...

*Il murmura alors*

C'était la réalité... Dans le passé. J'avais oublié ta réalité, mais je n'ai jamais oublié ton visage. Mais qu'ai-je donc fait en huit mille ans pour oublier cela?...

*Il posa sa main qu'il avait sur la joue de Félizia sur sa propre bouche, et regarda Félizia d'un air effrayé*

Félizia, je suis un monstre... Non, je t'en prie pardonnes-moi.

*Elle souria légèrement, enleva la main du vicomte de sa bouche et posa un doigt sur cette dernière pour lui faire signe de ne plus dire aucun mot*

Oh non ... non, Victor, tu n'es pas un monstre ... Comment se pourrait-il qu'une telle réalité puisse exister ?

*Elle passa une main dans les cheveux du Vicomte tout en le regardant profondément, puis, l'enlaça délicatement de sorte de ne pas aggraver ses blessures*

Excuse-moi, je n'ai pas eu la patience d'attendre que tu m'accordes ma faveur ...

Et si tu veux bien m'accorder aussi une faveur, Félizia...

je souhaite que tu sois réelle pour moi, rien que pour moi et pour toujours, je veux que plus jamais tu ne me quittes, quoi qu'il arrive, quoi que tu apprennes.

*elle posa sa tête dans le creu de son épaule*

Bien sûr ...

Tes souhaits seront mes désirs ...

quoiqu'il arrive ...

Fais m'en la promesse, Félizia...


Je veux t'entendre m'en faire la promesse, tu me suivra quoi qu'il arrive, tu me le promets.

*Sa main sur sa plaie était teintée de rouge ; son sang avait coulé jusque par terre formant une flaque autour de Félizia et Victor.

Son visage décoloré le faisait paraître mort : de ses lèvres maintenant sans couleur s'echapper un souffle froid ; il tomba en arrière, son regard vide fixait les lumières au dessus de lui : elles devenaient floues, elles s'entremêlaient, des voix vagues lui parvinrent sans qu'il sachent les distinguées. La douleur qu'il ressentait était telle : une lame lui transperçait le ventre, et tournait, tournait, dans un sens puis dans l'autre, la lame remuait dans ses entrailles comme pour chercher son péché et le faire sortir pour l'expier... Son état second l'empêchait cependant de crier ou de bouger, il ne pouvait que regarder les lumières qui se brouillaient*

Oh mon Dieu, Victor ...

*elle le rattrapa, le posa doucement par terre et lui fit un garrot pour empêcher qu'il se vide de son sang. Ses yeux étaient mouillés de larmes et elle s'empressa de crier*

Gardes !!! Allez chercher du secours, il y a un blessé ...

*Elle mouilla le visage du Vicomte de ses larmes tout en lui serrant la main de toutes ses forces*

Je te le promets, Victor ... Je te suivrai où que tu ailles mais je t'en prie, ne meure pas, j'ai ... j'ai besoin de toi pour vivre ...

* Des gardes l'emmenèrent dans la salle de soins*