A la recherche de Félizia

* Le Vicomte avait cherché dans toutes les salles. Personne. Il n'avait pu trouver Félizia.


Il s'arrêta doucement devant les escaliers de la tour d'Eden. Il n'y avait plus que cet endroit, elle ne pouvait être que là.
Il savait aussi que l'entrée était interdite à toute personne n'appartenant pas à la famille royale.


Mais quelle importance après tout! Si elle y était, il irait la chercher.
Il monta alors les escaliers pour atteindre le sommet de la tour*

*Lorsque Félizia vit se dessiner la silhouette de son tendre cousin, elle crut d'abord à une hallucination de son esprit. Mais, plus la silhouette se rapprochait, plus elle semblait réelle.

Ses yeux commencèrent à briller, submergés par une joie naissante. Elle aurait voulu émettre un son, prononcer le nom de son cousin, mais de peur de la déception que cela engendrerait si la silhouette n'était qu'illusion, elle se tût.

Elle voulut se lever pour la rejoindre plus vite, mais rien à faire, son corps faible ne bougea pas. Elle resta alors assise sur les marches attendant le Vicomte.*

* Une forme en haut des escaliers restait immobile. Elle regardait le Vicomte, sans bouger, comme si elle l'attendait.


Félizia attendait, et le coeur du Vicomte fut presque léger à la vue de sa cousine ; Il montait, montait, et une fois arrivé devant Félizia il se mit à genoux sur la marche devant elle. Et, dans un silence monastique, il l'enlaça sans hésiter pour une fois.


Sans la questionner, sans chercher à savoir ce qu'elle faisait à cet endroit, il la souleva telle une petite poupée, la tenant dans ses bras.
Il descendit les escaliers et s'arrêta quelques instants en bas*

*Félizia aurait voulu dire quelque chose mais aucun mot n'aurait su traduire ce qu'elle ressentait réellement. Toute parole aurait été superflue.

Elle reserra l'étreinte qui la liait au Vicomte et caressa le creu de son cou. Soudain, l'idée de le mordre lui traversa l'esprit. Elle s'approcha de son cou et deux crocs scintillants vinrent effleurer la peau du Vicomte. Son corps voulut mordre à pleines dents et boire du précieux liquide...

Mais, au dernier moment, son esprit se ravisa. Comment pouvait-elle faire cela à son cousin bien aimé ? Comment cette idée avait-même pu lui traverser l'esprit ?

Elle détourna les yeux, le visage encore plus blême, se sentant coupable d'avoir de telles pensées.*

* Delacroix s'arrêta soudain. Il tourna la tête vers Félizia, puis observa son visage honteux... Honteux de quoi?
Il souria presque, et lui dit *


Tu as faim, Félizia?...
Tu manques de couleur aux joues, te voilà toute blême!... Veux-tu que je te procure quelque chose pour calmer ton appétit?... Quelque chose de spécial?... Demande-moi tout ce que tu veux...

*La voix de son cousin l'avait appaisé telle une chanson mélodieuse. Elle le regarda à nouveau et lui souria timidement*

Je...

*Elle ne savait pas quoi dire. De telles paroles la laissaient bouche bée. Elle ne voulait pas le mordre mais son corps le voulait plus que tout. Et quel autre sang aurait-elle pu boire sinon celui de Victor ? Elle ne connaissait personne ici, tout lui était étranger hormis son cousin...

Elle regarda autour d'elle pour s'assurer que personne ne les observait : elle se pencha alors doucement sur lui, écarta ses longs cheveux et, n'ayant pas la patience d'attendre, elle perça doucement de ses crocs la peau du Vicomte, et bu quelques gorgées tel un enfant qui n'avait pas eu son biberon depuis plusieurs jours. Enfin rassasiée, elle retira ses crocs du cou du Vicomte et replongea à nouveau ses yeux dans les siens, essuyant du revers de sa main quelques gouttes de sang qui s'échappaient de la comissure de ses lèvres.*

Merci...

* Le Vicomte ne s'attendait pas à ce que sa cousine le morde... Etait-ce ce qu'elle voulait?
si c'est ce qu'elle veut, elle l'aura.

C'était la première fois qu'on le mordait, et le vampire mordu n'avait ressenti qu'une faible douleur, comme une légère brûlure embaumée d'eau fraîche.

Et plutôt que de lui dire d'arrêter, il pencha la tête pour qu'elle puisse mieux se nourrir : si elle voulait s'abreuver de lui, elle le pourra autant qu'elle le voudra.

Une fois qu'elle eût terminé, elle le regarda si étrangement dans les yeux, essuyant une goutte de sang sur sa lèvre. La morsure avait fait rougir la peau autour de celle-ci, et quelques filets de sang s'écoulaient à présent de la plaie, glissaient le long de son cou et venaient rougir son col de chemise blanc.*

Mais de rien...

* Et, comme abandonné par ses chimères, il souria, pencha son visage vers celui de Félizia et l'embrassa*

*Félizia fut si heureuse lorsqu'elle vit se dessiner sur les lèvres de son aimé un sourire, cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas vu cela sur son visage.

Et lorsque ses lèvres vinrent toucher les siennes, elle souria elle aussi et l'embrassa comme jamais auparavant, lui prouvant plus que jamais non son attachement mais plus que cela : son amour, un amour passioné qui brûlait dans tout son être.

Lorsqu'il eurent fini de s'embrasser et que leurs deux bouches se séparèrent, elle le regarda encore et encore puis se risqua à le lui dire*

Victor... Je... Je t'aime...

* Quelle était si belle dans ses bras!


Quel instant de rêve... Et pourtant il aurait préferé à ce moment brûlé vif sur un bûcher, emportant avec lui la femme aimée.

Peu-être était-ce mieux. Mais Félizia voulait vivre avec lui, elle voulait avoir un avenir, et elle l'aura.

A ce moment, il ne pu que la serrer contre lui, la serrer fort dans ses bras, et rejoindre ses appartements avec elle* .