poison mortel

* Assise dans une ruelle à l'abri de tous regards, Akordia avait sorti ses flacons de poisons.

Ainsi, elle ôta sa bague, et plongea le dard incrusté dans un des liquides mortels. Une goutte noire tomba de l'aiguillon : la bague était remplie de poison.

Elle ferma son flacon, rangea sa douteuse collection, puis passa sa bague autour de son doigt.
Fermant les yeux, elle posa sa tête contre le mur d'une maison... C'était une folie de s'attaquer à un homme comme Delacroix!... Elle le savait, mais elle savait aussi que ses chances de réussite n'étaient pas inexistantes... Elle vengerait d'abord la mort de ses parents, puis le meurtre de toutes ces femmes, elle libèrerait une cité entière, anéantirait un monstre... Etait-ce vraiment pout tout cela qu'elle le faisait?
Pour cela, et non pour elle?... Au fond, ne voulait-elle pas se venger de lui pour ne pas avoir adresser un seul regard tendre deux ans auparavant?
Non, elle s'en défendait, et combien même!... Elle ferait d'une pierre deux coups.
Elle se persuadait que ses motivations étaient des plus louables.*

* Un parfum... Une odeur de femme... Des traces indélébiles dans l'air l'ont amené, dans sa ronde habituelle, à s'engouffrer dans une étroite ruelle sombre et sans issue.

Quelle est donc cette piquante caresse, ce parfum amer, qui rapelle les pires poisons...
Il ne connaissait qu'une femme manipulant ces substances sans scrupules et avec tant d'aisance.

Suivant alors le chemin qui lui était tout tracé, il profitait de chaque pas qu'il faisait pour apprécier ce moment de satisfaction ; ce moment où l'ont approche d'un but, d'une proie que l'ont cherche depuis longtemps, ce moment où l'on s'en approche de plus en plus à chaque pas, à chaque avancée où l'on espère la voir enfin, presque la toucher...
Douce impatience, dans une exitation inégalée, la chasse touchait à sa fin.
elle était là à portée de main, elle ne l'avait même pas encore vu, cette rose depuis longtemps fânée et empoisonnée était devant Delacroix*

Akordia de Vitare, petite marquise de Laeth-Ebenh, en cavale... Voilà un bon moment que je te cherchais... Beaucoup de monde te cherchait... Tu m'as épargné une peine considérable en ouvrant tes poisons car il n'y en as pas deux comme toi à traîner autant l'odeur de la mort en flacon...

* Il ria étrangement, puis regarda de nouveau Akordia, enlevant aussi son masque qu'il portait habituellement lorsqu'il était dehors*

Tu me fais rire tellement tu fais pitié à voir assise, là, par terre... devant moi...

* Surprise, Akordia se leva à une vitesse fulgurante, ramassant son sac contenant les poisons.
Un frisson lui indiqua qui lui parlait... Rencontre bien malencontreuse, pour ne pas dire ; sûrement fatale.
Elle devait garder son calme.*

Delacroix, Vicomte d'Anthyen... Vous traquez souvent les femmes comme cela?...

* Elle le regarda de haut en bas, dédaignant sa personne malgré que ce fut elle qui avait la place la moins avantageuse*

Evidement... Vous transportez avec vous l'odeur de la chair pourrie de vos cadavres, vous sentez la nécrose! Vous empesté la putréfaction!

* Ces quelques derniers mots avaient sifflé à ses oreilles... Mais pas assez pour le mettre hors de lui.
Il approcha doucement de la belle arrogante*

Quelle effronterie, je savais bien que Monsieur le défunt Marquis De Vitare ne savait donner aucune éducation. Pas même à ses enfants, ni à ses domestiques, encore moins à ses esclaves, ni même à ses chiens et à ses rats qu'il avait partout dans sa demeure.

Mais parlons de toi, petite Marquise... Je vois ta bague goutter de poison... Que comptais-tu donc en faire?
Je crois que tu ne passeras pas par la prison. Je vais prononcer la sentence moi-même pour une vieille amie et amoureuse transie...

* Delacroix avait la main sur le manche de son épée pour la dégaîner et ainsi exécuter Akordia de Vitare*

Me tutoyer?... En voilà un manque terrible de respect!
je vais faire de même puisque tu m'en donnes l'occasion... Tu veux me tuer? Pourquoi? C'est mon père qui a déclaré la guerre, pas moi. Je ne suis pas une prisonnière de guerre que l'on peut executer à sa guise, Monsieur le Vicomte...


* Akordia croisa les bras, sûre d'elle*

Si tu tentes quoi que ce soit, je hurle, j'alerte toute la cité, et tout le monde saura le monstre que tu es, Delacroix... Tu as le choix...

* Souriant d'un air sadique, elle se risqua à pousser la provocation plus loin*


Dit moi une chose, Vicomte... Comment fais-tu pour éprouver du plaisir sur ces corps? Je n'ai jamais comprit...
Il y a deux ans, j'ai vu ce que je n'aurai jamais dût voir. Tu les attires dans des coins silencieux et tranquilles, tu les embrasses dans le cou puis tu les mords puis tu pompes leur sang jusqu'à ce qu'elles meurent. Et pour t'assurer qu'elles ne se réveillent pas de surcroît tu leur brise la nuque!
Quand je repense à tes grosses pattes balladeuses, tes baisers gluants et l'ardeur que tu mettais en ces filles, j'ai envie de vomir toutes les déjections de la terre sur toi!

* Lâchant la garde de son épée, Delacroix se jeta sur Akordia, empoignant son cou à une main, plantant ses ongles noirs dans sa chair*

Tu t'es régalée devant ce spectacle, à ce que je vois... Tu as bien regardé jusqu'à la fin? Ca t'as plut? Dans les moindres détails?
Avoue donc une chose Akordia ; ce que tu as vu, si cela te dégoûtais autant que tu le dis, pourquoi as-tu regarder du début jusqu'à la fin? Pourquoi n'as-tu rien dit à personne?

je vais te dire pourquoi... Et tu auras beau dire ce que tu voudras, mais je sais que tu as continué à regarder car tu aimais ce que tu voyais... N'as-tu jamais souhaité être à la place de cette femme?
Peux-tu avouer, sans mentir, ne jamais avoir désiré que je te prenne de cette manière? N'as-tu jamais voulu être morte dans mes bras? Crois-tu que je ne voyais pas tes regards avides, désireux?
Qu'en est-il du poison que tu avais versé dans ma boisson? Et oui, je ne l'ai jamais bu, et c'est pour cela que tu ne m'as jamais trouvé dans ma chambre, drogué... Toi, tu attendais déjà dans ma chambre, n'est-ce pas? Ma petite Anya t'avais vu...

Alors, petite vicieuse? Qu'as-tu à dire pour ta défense? Pauvre Dekar, tu t'es fichu de lui tout le temps qu'il t'a aimé... Et je suppose que tu es revenue pour le revoir...
Si tu savais à quel point il te maudit, il te hait et te cherche pour te tuer de ses mains. Que c'est triste, le seul homme que tu ai vraiment aimé tu n'as cessé de le tromper, et maintenant tu reviens dans l'espoir d'une réconciliation mais c'est pathétique! Tu es pitoyable, Akordia.
Tu es seule, laide, tu as tout perdu : ta principauté, tes parents, ton fiancé, tes amants, tes amis sont tes amis car tu étais riche, mais tu n'as plus rien maintenant... Et tu vas mourir, car je ne laissera pas des insectes comme toi détruire le souhait de Félizia, et je tuerais n'importe qui qui le tentera!

* Il se mit alors à étouffer Akordia de toutes ses forces*

* Qu'allait-elle faire maintenant?... Aucun moyen de s'enfuir, elle savait qu'elle ne lui echapperait plus.
Comment Amberlë allait-elle faire? Comment les autres allaient-ils s'organiser?...
Quelle importance, ils sauront se débrouiller. Mainteant qu'elle n'avait plus rien à perdre, elle pouvait faire ce qu'elle voulait devant le Vicomte*

Je suis peut-être seule, et je vais mourir, mais je sais au moins que toi aussi! Et en faisant ce que tu fais, tu précipites ta déchéance, maudit Vicomte...


* L'air lui manquait, et elle commençait à suffoquer*

Je n'ai jamais commis de sacrilège... Je n'ai jamais baisé mon cousin, ni mon demi-frère! Ca te la coupe, hein?

* sa voix s'étranglait au fond de sa gorge*


Et qui se prétend ensuite noble et bon au autres contrées! T'es qu'un fumiste, Delacroix, un hypocrite, un pervers, un malade, un nécrophile!

* Elle plantant l'aiguillon de sa bague plusieurs fois dans le bras de Delacroix, avec le peu de forces qui lui restaient*

* un hypocrite .... Un pervers.... Un malade ! Un NeCrOpHiLe!!

Un mot de trop. Une rage bouillonnante entra en éruption. Silence, il faut qu'elle se taise, elle ne doit rien dire, elle ne doit plus jamais rien dire, silence!!

Son sang ne fit qu'un tour dans ses veines, il plongea sa main dans la gorge de celle qui venait de dire la vérité puis arracha sa langue à la racine. Elle ne cèda pas tout de suite, il tira, tira jusqu'à ce que le membre qui avait permis à Akordia de mettre le Vicomte dans une rage noire se libère de sa bouche. Le bruit de muscle déchiré résonna dans la ruelle et laissa echapper à Akordia un long râle de douleur et d'etouffement.
La langue tomba encore frétillante sur le sol, et, pris d'une peur indescriptible, il l'écrasa comme si elle allait encore dire quelque chose.
Ses mains ruissellantes de sang, il immobilisa Akordia qui tentait encore de se défendre, puis planta ses doigts dans les yeux de l'effrontée qui ne cessaient de le regarder. Pressant sur les orbites, il ôta ces yeux qui le harcelaient .
Akordia, qui ne pouvait plus qu'émettre de rauques sons, mis ses mains sur son visage, titubait d'un mur à l'autre, cherchant une aide qui, elle le savait, n'existait plus pour elle.

La garce! Elle l'avait observer, mais quelle infâmie!... Infâmie?... C'est sûr qu'il était bien placé pour juger! Mais quelle importance maintenant, il devait faire taire tous ceux qui voudrait du mal à Félizia, et si par le plus grand des malheurs elle venait à apprendre pour le passé de Delacroix, elle serait triste, si triste!... Elle ne devait pas être triste, elle ne mérite pas d'être triste*

Et elle sera heureuse avec moi! Et ce ne seront pas des parasites comme toi qui viendront gâcher son rêve!!...

* Il baillona ainsi Akordia, puis attendit la nuit pour la ramener au chateau*