Réveil pour replonger dans le sommeil....

* Le vicomte ouvrit doucement les yeux : personne n'était là.

Il leva un peu la tête, et constata qu'il était dans un lit, dans la salle de soins ; de plus, tous ses membres lui faisaient mal, comme si tous ses muscles étaient endoloris.

Mais grands dieux!... Il remarqua alors qu'il ne portait qu'un tissu autour de la taille. Il essaya de se lever doucement pour attrapper la couverture à ses pieds*

*Félizia entra doucement dans la pièce où les infirmières avait emmené le Vicomte. Le Vicomte qui n'ayant pas remarqué sa présence de par ses préoccupations, elle dit*

Bonjour, Victor ...

*Le vicomte cessa de bouger, puis retomba sur le lit*

Grands Dieux, quelle honte... Voilà que je te revois, et il faut que je sois dans cet état, cet acoutrement.

*Elle souria légèrement*

Il n'y a pas de quoi avoir honte ...

*Elle s'approcha et s'assit au bord du lit puis, passa sa main sur la joue du Vicomte*

Victor ... tu ... tu m'as manqué ...

Le mot "manqué" est bien faible pour huit mille ans.

Comment trouver les mots appropiés?...

*Il tourna la tête et les yeux vers Félizia*

Je te croyais être un rêve, une chimère du passé, à force que le passe...
Et te voilà réelle...

*Un sourire se dessina presque sur le visage de Delacroix*

*Elle plongea son regard dans celui du Vicomte*

La seule chose qui me raccrochait à cette vie misérable, c'était l'espoir de pouvoir te revoir un jour.

Huit mille ans ont passé, et, je te retrouve là, en face de moi, je peux ressentir ta présence au fond de mon être, et ta chaleur a ravivé la flamme de mon coeur qui si longtemps était restée éteinte...

Je ne serai jamais plus un rêve, Victor, je te le promets...

* Son visage s'assombrit aussitôt*

Alors, il n'y a plus de malédictions....

Non ... bien sûr que non ...

*elle lui caressa le visage avec ses mains tremblantes*

mais ... Cela ne te réjouit-il pas ?

* Le Vicomte se rendait doucement compte d'une erreur fatale, quelque chose lui échappait*

Si... Bien sûr que si, mais...

*Il essaya de se lever*

Je dois me lever...

*Félizia l'empêcha de se lever*

Victor, il faut que tu attendes que tes plaies cicatrisent, tu n'es capable de rien dans cet état ...

*Elle examinait du regard les nombreuses blessures du Vicomte*

Félizia, je n'ai plus dix-sept ans, je ne suis plus un enfant, voyons...

Nos retrouvailles ne doivent pas se passer ainsi.

*Le vicomte réussit à se mettre assis, puis il chercha ses vêtements du regard dans toute la pièce*

Très bien.

*Félizia s'assit sur une chaise disposée dans la chambre et observa le vicomte*

Si tu cherches tes vêtements, ce sont les infirmières qui les ont emporté, mais tu n'es plus un enfant, va donc les rechercher.

*Elle lui souria*

* Il regarda sa cousine d'un air de se dire qu'il a manquer une fois de plus une occasion de se taire*

Merci, chère cousine...

*D'un air de défi, il se leva tant bien que mal, tenant le tissu autour de sa taille. Il se dirigea vers une armoire en vascillant le moins possible. Il ouvrit l'armoire et constata que celle-ci était vide, et qu'il s'était déplacé pour rien*

*Félizia le regardait toujours, le sourire aux lèvres*

*Elle entreprit tout de même de se lever et traversa la pièce. Elle ferma alors la porte de l'armoire que le Vicomte venait d'ouvrir et se placa devant lui, le regarda profondément, puis, sortit de la pièce*

*Elle revint avec les vêtements du Vicomte, que les infirmières avaient pris soin de nettoyer, les posa sur le lit, après quoi elle s'accouda au mur et se tourna vers la fenêtre, de sorte à tourner le dos au Vicomte*

* Pendant le temps, il avait suivit des yeux Félizia ; il prit ses vêtements mais regardait toujours sa cousine.

Il hésitait à lui dire quelque chose, il essayait de parler mais aucun son ne sortit de sa bouche : il se ravisa alors, préférant garder le silence*

*Il s'habilla sans faire de bruit, puis s'approcha lentement de Félizia qui était toujours retournée. Il posa une main sur le cou de sa belle cousine, approcha sa bouche de son oreille, puis demanda*

Quand sont-ils morts?

*Elle frissonna légèrement puis baissa les yeux*

Il y a neuf ans ...

* Une incompréhension, un silence, un malaise. Le Vicomte n'avait jamais été aussi déconcerté.

Sa main étant toujours sur le cou de Félizia, il observait celui-ci avec insistance, et il se rendit compte avec effroi que l'envie d'étrangler sa bien-aimée cousine le gagnait.

Il retira sa main aussitôt, et la regarda avec dégoût : comment pouvait-il penser cela*

je te demande pardon...

*Félizia se retourna et passa sa main sur la joue du Vicomte comme pour l'apaiser*

Ce n'est pas grave, Victor ...

Si, ça l'est... Ces beaux yeux Félizia, tes beaux Félizia, quand tu me regardes comme cela, je....

*Victor recula, épouvanté par ses propres pensées*

Je ne te ferais pas de mal. je n'ai pas le droit. je t'en supplie pardonnes-moi, je... Je ne sais que penser, il y a neuf ans?...

*Félizia se rapprocha, prit le vicomte dans ses bras et lui murmura à l'oreille*

Victor ... Je n'ai pas à te pardonner, je t'aime comme tu es ... alors, calme-toi, s'il-te-plaît ...

Mais Félizia...

* le vicomte ne pouvait rien dire. Il garda le silence, et laissa sa cousine l'enlacer. Une peur muette l'assaillait, et il ne savait que faire.*

Tu me cherches depuis tout ce temps...

Mais, ce n'est pas ta faute, tu ne pouvais pas savoir...

Et puis, l'important c'est que je t'ai enfin retrouvé, ne crois-tu pas ?

Je t'aurais cherché autant de temps qu'il aurait fallu...


*L'émotion lui fit monter les larmes aux yeux*


Victor, je veux juste, que tu ne me laisses plus jamais ...

* Victor enlaça à son tour Félizia. Il ne savait pas exactement si son coeur battait si fort pour la peur ou l'émotion. Après un instant, il finit par dire*

je dois aller parler à la reine... M'accompagneras-tu?

Si tel est ton souhait, je t'accompagnerai ...

*Elle leva la tête vers le Vicomte et contempla son visage*

* Il lui embrassa le front, puis ils quittèrent la salle de soins*