...

* Félizia entra dans la chambre qu'on lui avait attribué plusieurs mois auparavant. Refermant la porte derrière elle, elle se dirigea vers la salle d'eau pour prendre un bain.


Elle ressortit de la pièce une heure plus tard. Elle avait revêti une chemise de nuit blanche parfaitement cintrée. Parcourant alors les quelques mètres qui la séparaient de la table de nuit, elle consulta son pendule qui y était disposé. Les lueurs de la nuit avait déjà percées à travers les fenêtres de la chambre. Il était tard. Et son cousin n'était toujours pas rentré. Elle referma le pendule puis s'étendit sur le lit.


Elle fit jouer ses doigts sur le couvre-lit, sachant très bien qu'elle ne trouverait pas le sommeil tant qu'il ne serait pas rentré. Elle attendait et chaque bruit qu'elle entendait lui faisait tourner la tête en direction de la porte. *

* Victor avançait à pas feutrés, de sorte à ne pas réveiller sa belle cousine si celle-ci dormait...

Pensant que le sommeil l'avait emporté, il entra dans la chambre discrètement*

* Cela faisait plusieurs heures qu'elle attendait. Et lorsque la porte s'ouvrit enfin pour laisser apparaître la silhouette connue du Vicomte, Félizia inclina la tête dans sa direction, un léger sourire redessinant le contour de ses lèvres.


Où était-il ? Qu'avait-il fait ? Pourquoi rentrait-il si tard ? Bien sûr que ces questions la tiraillaient. Mais elle ne se serait pas permise de les lui poser d'une part car elle savait que ça le gênerait et d'autre part parce qu'elle ne voulait pas entendre une vérité qui lui déplairait. Elle n'était pas sourde et toutes les rumeurs qui couraient dans le royaume ne la laissaient pas indifférente.


Elle ferma les yeux puis les rouvrit. A quoi bon accorder de l'importance aux rumeurs ? Bien souvent, elles ne constituent que de vulgaires croyances erronées. Non, ce qui se disait n'était pas vrai. Victor le lui avait dit lui même : ils n'avaient plus d'aveux à se faire. *

* Son regard se posa sur le lit : la divine aimée ne dormait pas*

Félizia, je pensais que tu dormais...

Je t'attendais...


* Félizia observait le Vicomte si profondément qu'on eût dit qu'elle se perdait dans l'iris de ses yeux ; Tout dans son regard inspirait douceur et tendresse pour l'être aimé *


Ne sais-tu pas que le sommeil me rappelle à lui que lorsque tu es à mes côtés ?

Padonne-moi si je t'ai empêché de dormir...

* Elle esquissa un sourire furtif *

Cesse de toujours me demander pardon pour des futilités...

* Puis tendit une main vers lui *

Et viens me rejoindre...

*Il prit sa main*

Tu m'as l'air bien réveillé, pour une heure aussi tardive...

* Elle souria à ces dires puis tira doucement sur la main de son charmant cousin pour le faire s'asseoir sur le lit. Se redressant, elle vint alors l'enlacer par derrière en déposant tendrement sa tête par dessus son épaule *

As-tu passé une bonne journée mon Victor... ?


* Ses lèvres vinrent effleurer le cou de l'être aimé *


Si ça n'est pas le cas, j'espère que tu apprécieras ta soirée...

Il s'est passé aujourd'hui ce qui se passe tous les jours... Cette ronde ennuyante, ces gens insignifiants...

Je ne te cache pas que cette cité commence à empièter sur mon espace vital...


* Craignant que Félizia ne remarque sa plaie presque cicatrisée, il prit les mains de la belle dans les siennes pour s'assurer qu'elle ne toucherait pas l'endroit de sa blessure*

* Les lèvres de Félizia remontèrent jusqu'à la joue du Vicomte pour venir s'y poser. Elle embrassa doucement cette peau qu'elle adorait tant puis vint glisser dans l'oreille de son cousin *

N'y pense plus...

* Elle l'entraîna alors vers l'arrière pour qu'ils se retrouvent tous deux allongés sur le lit, laissant s'échapper un rire enjôleur puis vint poser une des mains du Vicomte sur son ventre qui prenait de plus en plus de volume. *

Ecoute ton enfant, son coeur bat en moi...

* Les yeux de Félizia brillaient d'une lueur qu'ils n'avaient jamais eu jusqu'alors. Etait-ce le fait qu'elle allait être mère qui la faisait sourire ainsi ? Sans doute. *

* Ce concept... la vie! Il avait du mal à croire qu'il pouvait la sentir...*

Dis moi Félizia... as-tu déjà réfléchi à un éventuel prénom?... Il faut que c prénom soit noble, et vertueux...

Quoi de plus noble que Victor... ?


* Elle souria malicieusement puis revint se coucher contre son cousin *


Je dois avouer que je n'y ai que vaguement songé. Mais après tout, on a encore le temps de trouver.

C'est bien vrai...

Félizia, que penses-tu de moi? dis-le moi franchement.... As-tu entendu des quelconques rumeurs sur moi?

* Ce changement brusque de sujet la prit au dépourvu. Elle resta muette quelques secondes. *

Victor...

Je ne crois pas aux rumeurs... Tous ces gens qui contreversent sur notre famille, que savent-ils au juste ?

Ce que je pense de toi c'est que tu es celui que j'aime, le père de cet enfant qui va naître et ce qu'en disent les gens qui gravitent dans cette cité ne m'atteint pas. Je n'y crois pas... Je n'ai pas envie d'y croire...

* Elle caressa doucement les cheveux de son cousin *

Mais toi ça t'atteint, n'est-ce pas ? Tu n'en parlerais pas sinon. Ces gens sont insignifiants, tu l'as dit toi-même. Alors pourquoi te préoccuper de ce qu'ils disent ?

* Il se leva brusquement, comme s'il avait cru percevoir ce mot dans de muettes pensées *


...... Ne fais pas attention à ce que je dis.

Ne te mets pas dans un tel état pour des rumeurs, Victor...


* Elle se leva à son tour pour se poster juste en face de lui. Posant ses mains sur les hanches de son cousin, elle vint l'embrasser amoureusement *


Je t'aime, Voilà ce que tu dois penser...

* Sans bouger si réagir au baiser, il demanda*

De quelles rumeurs es-tu au courant?

* Félizia recula de trois pas *


Alors il n'y a que ça qui compte ? Ta réputation ?


* Ses yeux humides commencaient à scintiller *


Tu veux savoir ce qu'ils disent ? Tu veux vraiment savoir ?

Ils disent que lorsque tu sors le soir, ce n'est pas pour ta ronde mais pour régler tes comptes avec les personnes qui te dérangent. Ils disent que tu me trompes, ils disent que tu es un monstre.


* Debout sur ses jambes chancelantes, Félizia regardait toujours le Vicomte. Cette déclaration la rendait malade comme si elle eût la nausée. *

Mais ça n'est pas vrai, ce sont des mensonges... * murmura-t-elle *

Mensonges, balivernes, ces personnes sont de mauvaise foi!


* Il commença à marcher dans la pièce, faisant les cent pas *


Rien, ils ne comprennent rien, ils ne comprendront jamais rien à tout cela! Personne n'est digne de comprendre!


* Il s'arrêta devant Félizia, marqua un temps d'arrêt puis il posa sa main sur la joue de sa frêle cousine *

Sauf toi... Tu comprends et... c'est pour cela que je me mets dans cet état, alors que je ne devrais pas...
Ton cousin est incorrigible...

* Félizia fit la moue encore quelques instants mais elle ne tarda pas à succomber à son cousin, le laissant glisser sa main sur son visage blême.

Il était trop charmant pour qu'elle lui résistât bien longtemps. Il savait pertinement quels mots employer et comment, quel ton utiliser, quels gestes étaient à faire, ...

Beaucoup diront qu'il n'est qu'un manipulateur, mais elle, Félizia Delacroix, dira seulement qu'il est charmant et adorable. *

N'en parlons plus, s'il-te-plaît, plus jamais...

* Elle se rapprocha de son cousin devenu moins irritable puis leva la tête vers lui *

Victor... Embrasse-moi...

* il l'embrassa furtivement, avant de s'assoir sur le lit *

Chère cousine, ce que tu me demandes je le fais par moi-même...

A mon grand plaisir...


* Elle fit glisser ses doigts le long de la nuque du Vicomte après quoi elle se pencha vers lui *


Je suis fatiguée, Victor... Pas toi ?

Je serais bien incapable de dormir maintenant...

* Delacroix se releva, marcha d'abord dans la chambre comme à son habitude, avant de s'arrêter devant devant la fenêtre.
Il ferma les yeux, inspira, puis fit claquer ses dents plusieurs fois*


Cette cité empeste de plus en plus, à mesure que je respire son odeur m'étouffe, de jour en jour je...


* Il ne put finir sa phrase, car il vit par la fenêtre une lumière dans la ville : non pas une lueur servant à illuminer la ville, mais plutôt la lumière d'une torche éclairant le chemin de quelqu'un. Qui pouvait se déplacer à une heure pareille?... Le vicomte avait interdit tout déplacement nocturne depuis l'embrasement de la ville, et sachant que ses soldats n'avaient pas besoin de lumière pour se déplacer la nuit, cela l'intriguait.
Curieusement, une effroyable possibilité lui vint à l'esprit. Serait-ce Dekar? *

* Félizia regarda le Vicomte s'éloigner vers la fenêtre. Peine perdue, elle s'allongea sur le lit puis ferma doucement ses paupières. *


Victor, tu ne dors plus, tu ne vis plus... Quand donc cessera-tu de te tourmenter pour ta cité ? Ta Reine, Ton Vicomté... Et toi dans tout ça ? Tu penses un peu à toi ?


* Elle rouvrit les yeux et tourna son regard vers son cousin *


Tu oublies le plus important... Et tu ne t'en rends même pas compte...