Le Retour... suite

* Les deux amants arrivèrent sans encombres dans les appartements de Laralith. Cette dernière mena Dekar jusqu'au lit. Elle avait remarqué qu'il était aveugle, elle n'avait pas eu besoin qu'il le lui certifia. Mais pourquoi portait-il un bandage ? Qu'est-ce que Delacroix avait fait de ses yeux ? Cette brute innommable, toutes les possibilités se mirent à germer dans sa tête pendant qu'elle se dirigeait vers la penderie. L'armoire s'ouvrit dans un léger grincement et Laralith en sortit une large couverture qu'elle s'empressa de glisser autour des épaules de Dekar. *

Je vais te faire chauffer un bain... Tu dois être épuisé...

Que t'a fait cet infame Vicomte, bon sang ?!

* Après un court moment, où Laralith était allée faire chauffer un bain, il commença à rire de façon tout à fait indécente face à la situation .

Ridicule, c'était ridicule, il se trouvait risible, pathétique, pitoyable. Il ne voyait plus rien. A ce moment, il se demanda si ce qui se déroulait là, maintenant tout de suite était réel : après tout, il n'y avait plus que le néant autour de lui, pour lui.
Mais cette pensée ne fit qu'un tour dans son esprit : Dekar n'est pas un homme très métaphysique et ce genre de question ne lui réussit pas.

Une fois Laralith revenue, il répéta ce qu'il lui avait dit avant de se mesurer à Delacroix*

Les risques du métier....

*Il ria de plus belle, sans faire attention si Laralith écoutait*

* Le rire de Dekar la prit au dépourvu. Comment pouvait-il s'autoriser telle réaction après tout ce qui venait d'arriver ? Elle restait bouche bée sans qu'un mot ne puisse sortir de sa bouche.

Au bout de quelques minutes, l'effet de surprise laissa place à la colère. Avait-elle bien entendu ? Aucun doute. *

Les risques du métier ?!!

* Laralith riait jaune... *

Tu... Tu n'es pas sérieux ?

* Il ria de plus, de lui ou de la situation il n'en savait rien. Il devait rire, tout ça était ridicule, c'était simplement une maladresse de sa part...


Oui, une maladresse...*


Une maladresse... Rien d'autre...

* Plus Dekar riait, plus Laralith sentait une colère sans nom l'envahir. Elle resta encore quelques instants sans réagir mais bientôt ce fût trop pour elle. Elle attrapa Dekar par le col de sa chemise *

Mais comment peux-tu dire ça ? COMMENT ?!

Tu te rends compte de ce que tu débites ??

* Les yeux de la gardienne brillaient de rage et de tristesse entremêlés. Comment pouvait-il dire cela après qu'elle ait pleuré sa mort. Oui, elle avait cru qu'il était mort, elle s'en était rendu malade et lui, il riait. *

Il n'y a rien de comique là dedans, bon sang !!! Comment peux-tu seulement t'autoriser une telle réaction ?

* Elle le relâcha et lui tourna le dos. Si elle laissait libre cours à sa colère, elle risquerait de le gifler. Non, il ne fallait tout de même pas en arriver là. *

* Avait-il exagéré? peut-être bien... Toujurs est-il qu'il ne comprenait pas la réaction de Laralith *


Mais.. Laralith, je sais pas ce qui te prends...
Mon retard est si dramatique?


* Il commençait à se demander vraiment quelle mouche piquait la gardienne... Il est vivant pourtant! *

* Elle se calma puis revint s'asseoir près de Dekar. Elle lui glissa un baiser sur les lèvres. Depuis combien de temps déjà n'avait-elle plus embrassé cette bouche ? *

Excuse-moi. C'est juste que je croyais ne plus te revoir... J'ai eu si peur...

* Elle caressait doucement la joue de son amant du revers de sa main *

Je suis désolée...

* C'était le monde à l'envers. C'était lui qui avait failli mourir et c'était elle qui était colérique. *

* Appréciant nettement cet adoucissement, il dit*


Laralith, Le vicomte est-il revenu?

Oui. Son absence est passée inaperçue comme toutes les autres, tu sais bien...


* Elle s'arrêta un instant pour regarder Dekar puis reprit *


Il ne vaut mieux pas qu'il te voie... Il te croit mort.

Moi?


*Il ria*

Mort?


Impossible...

* Il tâta le noeud derrière sa tête* Laralith, il faudrai enlever ça..

Laisse moi faire...

* Elle se pencha sur lui et défît délicatement le noeud, laissant par là même le bandage glisser sur ses genoux. Elle eût une vision d'horreur en voyant ce qu'il restait des yeux de Dekar. Il avait du souffrir le martyre. Paralysée par cette plaie atroce, elle ne laissa cependant rien paraître de cet effroi. *

Il faut te faire soigner... Tu ne peux pas rester dans cet état...

Et comment veux-tu?

Qui voudrait bien le faire?


Laralith, à quoi ça ressemble?

Je... Je ne sais pas... Il faudrait trouver un médecin qui accepte de te soigner... Mais je n'en connais pas... à moins que...

* L'ultime question de Dekar l'arrêta soudain dans sa reflexion *

Dekar, je t'en prie, ne me demande pas une telle chose...

C'est si terrible?



* Il faillit lui demander d'amener un miroir *

Dit moi, je vois rien...!...

C'est creux... Il... Il n'y a plus rien...

* Laralith vint enlaçer Dekar. A vrai dire, elle le serrait de toutes ses forces. Une larme ruissela sur son visage cristallin et elle lui glissa à l'oreille. *

Je serai tes yeux dorénavant...

* Plus rien? Des creux? Ce monstre qui se remue avec des cadavres lui avait arraché les yeux , avec ses mains , toutes dégueulasses, toutes... Atrocité! Calamité! Souillure! Rien ne l'a jamais autant dégouté!

Que dirait sa mère! Quelle honte! A vomir! C'est à vomir! *


Mais c'est répugnant Laralith! Ce gros dégueulasse , avec ses mains, c'est... J'aurai encore préféré qu'il le fasse avec ses pieds! Mais pas ses mains...


Laralith, si tu souhaites être mes yeux, pourrais-tu alors nous guider hors de cette ville?... Delacroix sait pour la conspiration, partons...!...

Partir ? Tout de suite ?

* Il lui faudrait abandonner ses fonctions et prévenir la Reine mais qu'importe ! S'il le fallait, elle n'hésiterait pas *

Je te guiderai où tu le voudras...

Mais, je dois néanmoins avertir la Reine de mon absence...

* Elle se dirigea vers l'armoire puis sortit un drap dont elle déchira un morceau. Elle vint alors attacher le tissu autour des yeux de Dekar *

Sais-tu où est le vicomte en ce moment?


Est-ce le jour ou la nuit?

Je ne sais pas... Probablement chez sa cousine ou en train d'accomplir je ne sais quelle infamité en toute impunité...

* Elle caressa d'une main les cheveux de Dekar *

Il fait encore nuit...

C'est bien alors..

* Il soupira*

Je crois que je vais dormir...

Fais comme chez toi...

* Elle l'aida à enlever ses bottes puis alla se poster à la fenêtre *

Tu m'excuses si je n'ai pas sommeil...

Mais reste s'il te plait...

* Elle se glissa à côté de lui et lui prît la main *

Je suis là, tu vois bien...

* Elle déposa une bise sur son front et murmura *

Tu peux dormir tranquille...

* Dékar se reveillait péniblement après toute cette agitation; il était epuisé.
Quel étrange sentiment de se reveiller sans pouvoir ouvrir les yeux, il se demanda d'ailleurs s'il avait bel et bien dormi.

Pour la première fois depuis longtemps, il avait mal partout : il se sentait comme un veillard d'humain...

Vite, il tâta puor voir si Laralith était toujours là. Oui, elle reposait à ses côtés.
Il aurait voulu se lever pour se desaltérer, mais ses yeux dormaient encore à sa droite...*

* Laralith se retourna vers Dekar. Elle n'avait pas remarqué qu'il s'était réveillé, bien qu'elle-même n'eut pas trouvé le sommeil... *

Dekar...

* Elle passa sa main sur sa joue et esquissa un sourire qui lui resta invisible *

Je suis contente que tu aies pu fermer l'oeil...

* Laralith s'autorisa un petit rire enjôleur... Après tout, il valait mieux en rire qu'en pleurer... Elle se pencha vers lui et glissa un baiser sur le bout de ses lèvres *