La chambre de Félizia?

*Une fois arrivé devant la porte de la chambre, Le vicomte l'ouvrit lentement.

Il entra, puis fit signe à Félizia de le suivre.*

Cette chambre te plait-elle?...

*Félizia entra dans la pièce, l'observa dans tous les recoins*

Elle est parfaite...

*elle se retourna vers le Vicomte et lui esquissa un sourire timide*

Je te souhaite alors un bon séjour.

*Il posa sa main sur la joue de Félizia, approcha sa tête de celle de sa cousine, puis il tourna légèrement le visage de sorte qu'il déposa ses lèvres sur la joue de Félizia*

*Il se retourna vite et se dirigea vers la porte*

*elle le retint doucement par la main*

Tu me quittes déjà ?

Je t'en prie ne me retient pas.

*Il poussa légèrement la main de Félizia, puis se mit dos contre la porte : il cherchait à taton la clanche*

Je souhaite que tu passes une bonne nuit. je viendrais te voir demain matin.

*elle avança, les yeux baissés, jusqu'à la porte et mit sa main sur la clanche pour bloquer le Vicomte qui désemparé, la cherchait désespérément*

*elle releva les yeux puis dit doucement*

Pourquoi devrais-je passer une mauvaise nuit si tu restes ?

Pourquoi veux-tu que je reste?

* Delacroix regardait Félizia de toute sa hauteur, pourtant il ne dominait rien : il suivait des yeux son moindre mouvement*

Je dois sortir.

*Elle lacha la clanche et resta muette*

* Un instant, une seconde, une éternité s'écoulait : Félizia avait laissé le passage libre pour qu'il puisse s'enfuir, mais il resta là, la regardant, l'observant, la fixant. Il aimerait que rien ne change à présent, que le temps ne s'écoule plus. *

*Elle resta encore quelque temps sans dire mot puis se décida à rompre le silence qui règnait en maître dans la pièce*

Victor ... je ... je ne peux pas te retenir si tu souhaites quitter cette pièce pour quelque raison que ce soit ...

*Elle lui prit délicatement la main*

Mais, vois-tu, mon âme toute entière souhaiterait tellement que tu restes ...

*Elle le suppliait du regard*

* Toujours sans rien dire, il regardait maintenant sa main tenue par celle de Félizia.

Sa raison lui dit de partir, son coeur s'il en avait encore un et si c'était bien lui, lui commandait de rester. Que peut-il bien faire face à ces chaînes de velours, qui sa main entoure et ne lachent pas...
Au fond, voulait-il qu'elle le lache?...
Puis le trou noir. Un gouffre blanc. Sa mémoire l'abandonnait soudainement. Il demanda alors, un peu affolé mais surtout impatiemment*

Félizia, quel âge avons-nous? Réponds-moi où sommes nous?...

*Félizia ressentait clairement que le Vicomte était troublé et lui répondit le plus calmement possible pour ne pas l'affoler d'avantage*

Crois-tu que ce soit le temps et l'endroit qui importent ?

*elle se tut un moment*

Je crois sincèrement que nos vies à tous les deux se sont arrêtées lorsque nous avions 17 ans ...

*Elle leva les yeux vers le Vicomte et passa une main sur sa joue*

Victor, je suis là maintenant ...

Et tu ne t'en iras pas?... Personne ne t'enlèvera à moi?...


Tu resteras à mes côtés quoi qu'il arrive, quoi que tu entendes?... Peut importe quel âge nous avons, en quelle contrée nous sommes, tu dis que nous avons toujours dix-sept ans, mais je...

* Il bloquait de nouveau sur un mot : peut-être etait-ce l'émotion, ou peut-être n'osait-il pas le dire... Il ne devait pas le dire. Il ne devait jamais le dire, jamais elle ne devait l'apprendre, maintenant qu'elle était revenu qu'allait-il faire? Cacher la vérité ou tout avouer?
Elle ne devait pas savoir... Elle ne méritait pas une telle déception, et il cachera cette vérité à n'importe quel prix*

* Il posa sa main sur son front, puis recula la tête pour retirer la main de Félizia de sa joue. Il la regardait, mais de peur qu'elle lise dans ses yeux coupables il détourna son regard.

Et finalement, il se courba, écarta légèrement ses bras puis posa sa tête sur l'épaule de Félizia : il enlaça la taille de sa belle cousine de ses grands bras, il ferma les yeux, puis il dit dans leur langue maternelle*

Pourras-tu me pardonner un jour, Félizia?...

*Elle caressa les cheveux du Vicomte comme un mère le ferait à son fils et lui répondit dans la même langue qu'il venait d'utiliser*

J'ai promis, Victor, une promesse ne se rompt jamais...

*Elle lui releva la tête*

Je suis prête à tout entendre, à tout pardonner, pour toi ... Victor ...

Pardonne juste le monstre en face de toi... C'est tout ce que je souhaite pour l'instant...

*Il déposa de nouveau ses lèvres sur la joue de Félizia. Une fois son visage embrassé, il laissa sa bouche sur cette peau, qu'il n'avait plus goûté depuis longtemps.
Et restant ainsi, il approcha le corps de Félizia du sien, et le serra contre lui : il souhaita alors ne plus pouvoir penser, juste ressentir cette présence il y a fort longtemps abandonnée*

*Son coeur se mit à battre si fort qu'elle avait l'impression étrange de suffoquer ... Quelle était donc cette sensation ?... Cette impression que le passé vous rattrape ... ce sentiment de revivre le même bonheur une deuxième fois, de voyager dans le passé, et d'arrêter le temps qui d'ordinaire vous file entre les doigts ... Elle se retrouvait dans le rêve qu'elle avait fait toutes les nuits durant 8000 ans ... mais ses yeux étaient bien ouverts à ce moment précis, ce ne pouvait être encore une illusion de son esprit, cette si belle illusion qui l'envoûtait sans cesse ...*

*Leurs deux corps semblait n'en former qu'un et la chaleur du Vicomte la fit frissonner, cette chaleur qui vous fait vous dire que rien ne peut plus vous arriver, que vous pourriez bien mourir dans l'instant, cela n'eut rien changé*

*Elle ferma alors les yeux, dans l'espoir de ne jamais sortir de ce rêve ... et enlaça à son tour le Vicomte comme si elle voulait empêcher le passé de s'en aller après en avoir goûté la saveur ...*

* Delacroix leva sa tête soudainement, puis s'adressa à Félizia ; son visage affichait presque un sourire*


Félizia, j'ai encore quelque chose à te demander.... Et j'aimerai que tu acceptes...

*Il prit les douces mains de Félizia entre les siennes, et les posa sur son torse*

*elle ouvrit ses yeux, leva la tête vers le Vicomte et lui dit d'une voix apaisante*

Dis-moi ...

* Il lui caressait délicatement le front du bout des doigts*

Puis-je déposer une nouvelle fois mes lèvres sur les tiennes, Félizia?

*Elle posa une de ses mains sur la joue du Vicomte et le regarda profondément*

Bien sûr que tu peux ...

*Doucement, il approcha son visage de celui de Félizia, il posa ses lèvres sur celles de sa cousine, et ainsi il unit leur deux bouches.

Des sentiments, des sensations étranges, des remords vinrent ses mêler à ce baiser. Ses lèvres tremblantes, il voulut l'embrasser une deuxième fois mais quelque chose l'en empêcha : peut-être était-ce dû à sa blessure, peut-être étais-ce de la peur, du regret, ou peut-être par manque de courage ou d'audace.

Il tenta de dire quelque chose, d'articuler un mot ; aucune syllabe, aucun son ne sortit de sa bouche comme si le baiser échangé lui avait subtilisé sa voix.

Leur deux visages l'un en face de l'autre, Victor était comme paralysé : ses lèvres tremblaient comme celles d'un enfant appeuré ou grelotant, il était muet face à la personne avec qui voulait échanger le plus de mot, avec qui il attendait d'être depuis huit mille ans.

Ses yeux commençaient à briller, puis submerger de honte il se retourna brusquement*

Je te demande pardon...

*Elle prit la main du Vicomte et le fit se retourner doucement. Elle caressa alors doucement son visage pour le rassurer*

Victor ... je ne t'en veux pas, je ne t'en voudrai jamais, ce que tu as vécu ici depuis 8000 ans, je l'ai vécu moi aussi mais à un autre endroit ... Ce que tu as fait durant mon absence ne m'importe nullement, la seule chose qui m'importe c'est ce que nous ferons ensemble, dans l'avenir, notre avenir ...

C'est à toi de me pardonner, Victor, pardonne-moi de plonger le doute et l'angoisse en toi ... Je ne voulais pas ...

*Elle donna alors au Vicomte un doux baiser dans l'espoir que ses lèvres cessent enfin de trembler*

* Pourquoi les paroles de Félizia ne faisaient qu'accroître sa peur?
Pourquoi veut-il fuir lorsqu'il se retrouve enfin face au bonheur?

Le vicomte savait que tous ses maux et péchés finiraient par le rattraper. Il devait à tout prix faire taire les autres fantômes de son sombre passé, il devait commencer dès maintenant. S'il voulait donner à Félizia l'avenir qu'elle esperait, il fallait les effacer sur le champs.

Qui à Atrium le savait, ou était susceptible de le savoir?
Tandis que Félizia l'embrassait pour le rassurer, il calculait froidement dans sa tête comment il pourrait éliminer les spectres de chair et d'os.
Il les traquera, puis les anéantira un par un, il les empêchera de dire ne serai-ce qu'un mot, un son, par n'importe quel moyen, il les forcera à garder le silence jusque dans la mort.

Une fois ses calculs finit, il ne lui restait plus qu'à trouver les personnes concernées.
Mais pour le moment, il avait la conscience un peu plus tranquille, et répondit enfin aux baisers de Félizia : il posa ses mains sur sa belle et fine taille, puis l'embrassa langoureusement, encore et encore, tout en caressant à pleines mains le corps de déesse qui s'offrait de nouveau à lui*

*Félizia semblait ne plus contrôler son corps qui éxécutait les gestes du passé comme si leurs deux corps ne s'étaient jamais quittés. Leurs âmes entraient en communion et fusionnaient comme s'ils n'en formaient qu'une, quelle sensation si douce...

Elle ne comprenait toujours pas comment ils avaient pu être maudits seulement parce que leur sang était le même, quel mal y avait-il à cela ? Cela n'était seulement qu'un élément de plus qui les unissait ...

Félizia finit tout de même par cesser de se poser tant de questions et se laissa submerger par toutes ces sensations abandonnées il y a si longtemps et qui lui revenaient enfin après une si longue absence ...

Elle posa alors sa main sur le torse du Vicomte et la laissa glisser doucement sur tout son corps ... Non, il n'était plus un fantôme, ce qu'elle pouvait toucher était bien un corps, un corps qui ne demandait qu'à vivre ...*

* Rien, plus rien n'importait, le monde dehors pouvait s'écrouler, sombrer tranquilement ; aucun des deux amants n'aurait rien remarqué.


La nuit tombait, la lune se levait, et rien n'aurait pu troubler ces retrouvailles tant attendues, tant rêvées.


Quel était ce rêve déjà? Quel était cet étrange songe partagé par le Vicomte et sa tendre cousine? Pourquoi se poser cette question, après tout : ils allaient le revivre, encore et toujours, autant de fois qu'ils le désireraient.


Et comme pour une belle nuit de noces, comme sur un lit nuptial, ils s'unirent une fois de plus tels de nouveaux amants que rien n'avait jamais séparés*